Cher.e.s confiné.e.s,
Troisième semaine de cette nouvelle vie, j’espère que vous tenez le coup. Si comme moi vous songez de plus en plus à prendre un kayak pour rejoindre une plage du Costa Rica et y ouvrir un resto, prenez vos médicaments.
Aujourd’hui on parle de systèmes complexes de manière assez simple (ahah!). De deux manières différentes. Et quelques expériences de quarantined music pour finir.
🧩 Les systèmes complexes pour comprendre la situation 🧩
Les événements que nous traversons me font jongler entre l’anxiété quant au futur, le calme et l’apaisement procuré par la nette diminution des pressions externes, le manque de certains moments, la consternation face à certains comportements et prises de parole, ou encore l’amusement avec lequel je constate que le monde s’adapte. Parfois très préoccupé, parfois très insouciant.
Parfois ces états se croisent : je profite depuis quelques jours de cet apaisement pour essayer de comprendre le lien entre notre capacité et celle de notre société à s’adapter aux événements et au futur. Vaste programme, certes, mais je crois que l’idée est surtout de chercher à s’éloigner des débats bas de plafond de twitter / facebook / TV / etc et chercher des réponses, ou du moins des pistes, ailleurs.
Je me suis dit que cette pause d’une bonne partie de nos activités était un moment opportun pour se remettre à lire quelques trucs sur les systèmes complexes.
Pour wikipedia, un système complexe est un ensemble constitué d'un grand nombre d'entités en interaction qui empêchent l'observateur de prévoir sa rétroaction, son comportement ou évolution par le calcul. Ils sont un contre-exemple au réductionnisme, à la réduction analytique : malgré une connaissance parfaite des composants élémentaires d'un système, voire de leurs interactions, il n'est pas possible même en théorie de prévoir son comportement autrement que par l'expérience ou la simulation. Cet écueil ne vient pas nécessairement de nos limites de calcul, il est au contraire lié à la nature même des systèmes complexes.
On se passera des origines mathématiques mathématiques et physiques qui n’apporteraient pas grand chose ici. En gros, un système complexe est un système dont l’ensemble des composants sont en relation dynamique. Un processus en permanente transformation.
La notion de système complexe s’intègre naturellement dans la pensée systémique qui invite à prendre en compte les différents éléments d’un système non pas isolément mais globalement, en tant que parties intégrantes d'un ensemble dont les différents composants sont dans une relation d'interdépendance.
Le moment dans lequel nous sommes m’apparait comme une pause invoquée par quelqu’un la haut nous invitant à tous passer vers cette manière d’appréhender les choses. La consternation dont je fais part plus haut vient souvent de l’observation de raisonnements linéaires et réductionnistes. Car malgré une connaissance parfaite des composants élémentaires d'un système, voire de leurs interactions, il n'est pas possible même en théorie de prévoir son comportement autrement que par l'expérience ou la simulation. Cet écueil ne vient pas nécessairement de nos limites de calcul, il est au contraire lié à la nature même des systèmes complexes.
Une entreprise, une ville, les transports, le climat, l’énergie, les écosystèmes et la nature, une colonie de fourmis, l’organisme, la santé, la bourse et l’économie, la propagation d'une épidémie, internet — tous ces exemples sont des systèmes complexes.
Que ce soit par des représentants politiques lors de débats, des oncles border sur whatsapp ou aux fêtes de noel, des collègues sur Linkedin ou en salle de réu, ou des PPoeufs sur twitter dot com, ces sujets sont souvent discutés comme des systèmes simples linéaires et prévisibles. Le réductionnisme et la simplification ont la côte car nos sociétés nous y invitent. Avouer ne pas savoir est signe de faiblesse et avoir une réponse nuancée n’aide pas ceux en attente d’une réponse “concrète” permettant de passer à la next step ou de savoir dans quel clan est l’autre. Les avis tranchés et permettent d’aller plus vite, font plus de like, sont plus actionnables. Etc.
Pour débattre de la présence ou non de creme fraiche dans les carbonara ou de comprendre le fonctionnement d’une roue, ça va. Ce sont des problèmes facilement isolables et observables. On peut rapidement affirmer que celui qui met de la creme dans les carbos a surement besoin d’aide dans sa vie et qu’une roue opère grâce à quelques équations.
Mais pour le reste des sujets cités plus haut, ce n’est plus possible. Ce qu’on se prend dans la gueule à travers le monde depuis quelques temps, qu’il s’agisse de contestations sociales ou de manifestations naturelles, est une invitation à prendre notre temps et arrêter de prendre des décisions en 2-2 sous la pression du court termisme et/ou d’intérêts et d’obligations mal placées. Le progrès nous a amené à lier de plus en plus de choses entre elles et créer des réseaux entre plein de systèmes. La plupart de ce qui nous entoure sont des systèmes complexes qui ne peuvent se résumer par A==>B==>C ou comme une formule mathématique.
Le covid-19 n’est pas juste une histoire de trafic d’animaux sauvages qui ne devraient pas être mangés par l’Homme. C’est aussi celle de la déforestation qui rapproche l’Homme des virus. Ou l’inverse. A priori, nous ne sommes pas irréprochables non plus quant aux feux en Australie il y a quelques mois. Le mouvement des gilets jaunes est aussi un problème complexe, social cette fois, n’en déplaise à ceux qui regrettent la devanture du Fouquet’s. L’influence à la mode dans le marketing ne peut pas non plus s’expliquer par # de followers => influence (checkez the emerging science of superspreaders). Les relations humaines sont complexes.
Tout est complexe, tout est connecté. Comme chez les illuminatis.
J’imagine qu’on puisse entendre tout ça, mais on a encore du mal à l’écouter. Même si des choses, des petits bouts de systèmes, cèdent, il nous faut attendre la catastrophe, parfois liée à l’accumulation, pour réaliser. Et généralement c’est trop tard. Comme avec son ex. C’est trop tard pour sauver les meubles, mais le bon moment pour essayer de comprendre rétrospectivement comment nous en sommes arrivés là.
“If doing A suddenly stops giving you B, it means there are other factors in why A worked at all. You didn't see C,D,E...”
Si nos biais (ici l’idée de narrative fallacy (je ne sais pas le traduire)) nous amènent à préférer l’interprétation d’événements en histoires logiques avec des liens de causes à effets simples, c’est rarement ce qui se passe en réalité. On surévalue grandement notre compréhension de ces événements. Il s’agit la plupart du temps de décisions interdépendantes, prises par une ou plusieurs personnes ignorant l’impact sur d’autres.
C’est quand tout se casse la gueule que l’on a l’occasion de réaliser que les choses sont plus compliquées que prévu. Que les affirmations un peu faibles mais autoritaires de l’homme politique, de l’oncle à noel ou de la PPoeuf twitter ne servent à rien. Je vous rappelle qu’on tape dans des casseroles à nos fenêtres car une chauve souris s’est retrouvée trop proche d’un pangolin à 8 904 km d’ici. On s’attendait peut être à mieux comme signe du très haut, mais il est indéniable que l’on souhaite nous faire comprendre quelque chose.
Oui, les systèmes complexes peuvent faillir. (Il existe plusieurs comportements faisant que ces systèmes complexes s’équilibre et s’auto-gèrent (principes d’auto-organisation, d’émergence, de robustesse, de feedback loops…) que nous ne développerons pas ici car trop long. Toutefois, ces comportements n’empêchent pas les systèmes complexes d’être enclins aux failles).
Dans le bref How Complex Systems Fail, Richard Cook du Cognitive Technologies Laboratory University of Chicago, liste 18 principes selon lesquelles les systèmes complexes échouent, comment les problèmes sont évalués et attribués. Leur défaillance est rarement liée à une seule cause sortie de nulle part. La faute, seule, est même parfois tolérée et auto gérée par un système complexe. En revanche, ce sont les accumulations et les tentatives de solutions qui peuvent devenir le risque.
1. Complex systems are intrinsically hazardous systems.
2. Complex systems are heavily and successfully defended against failure.
3. Catastrophe requires multiple failures – single point failures are not enough…
4. Complex systems contain changing mixtures of failures latent within them.
5. Complex systems run in degraded mode.
6. Catastrophe is always just around the corner.
7. Post-accident attribution accident to a ‘root cause’ is fundamentally wrong.
8. Hindsight biases post-accident assessments of human performance.
9. Human operators have dual roles: as producers & as defenders against failure.
10. …
Je coupe la liste ici mais vous avez l’idée. La version originale ici en anglais, une traduction en français trouvée ici. Je trouve ces principes fort intéressants et, pour une partie d’entre eux, limite indispensables pour appréhender la reflexion quant à des sujets complexes. Systèmes ou non.
C’est cette liste découverte il y a quelques années qui m’est revenue à l’esprit en pensant à ce que l’on traversait. Aujourd’hui, je me demande plus particulièrement quelle est la position de l’humain par rapport à ces systèmes complexes et leurs possibles échecs.
Ma plus grande interrogation à laquelle je n’ai aucune réponse aujourd’hui est la suivante : cette situation va-t’elle nous faire passer un cap en tant que société ? Quel sera le new normal ? Je ne sais pas si c’est essentiel ou ultra niais comme interrogation.
Allons nous comprendre que l’on pousse à bout des systèmes complexes que l’on considère comme fonctionnels et sûrs ? Si nous en sommes là aujourd’hui, c’est en partie car l’écosystème de Hubei, tout comme le système social / de soin ici, sont en PLS depuis un moment. Avant même que le covid ne se propage. Sommes nous condamnés à réaliser par la surprise ?
Thus, while on a certain scale we do experience complex system failure on one level on a daily basis because we don’t interpret it as such, and given that we are hardwired for pattern recognition, we don’t address complex systems in the right ways.
This, to my mind, has to be extended to the environment and the likely disaster we are currently trying to instigate. While the system is collapsing at one level, massive species extinctions, while we have experienced record temperatures, while the experts keep warning us, etc., most people to date have experienced climate change as an inconvenience — not the early stages of systemwide failure.
Civilization collapses have been regular, albeit spaced out, occurrences. We seem to think we are immune to them happening again. Yet, it isn’t hard to list the near catastrophic system failures that have occurred or are currently occurring (famines, financial markets, genocides, etc.).
Allons nous, d’une manière ou d’une autre, forcer le pouvoir à ne pas rendre les systèmes complexes plus complexes qu’ils ne le sont pour leurs simples besoins personnels ?
“Complexity isn’t a byproduct; it is the mechanism of the looting”, quelle belle punchline.
Allons nous ré-attribuer les sièges et réorganiser la prise de décision ? Ceux qui savent et comprennent les systèmes vont-ils être écoutés, et non juste entendus et ignorés par vice ou ignorance, avant que d’autres déraillent ? Le futur est déjà en bonne partie écrit par ces gens.
issu d’un papier académique de 2007.
Les dirigeants aux reflexions d’une autre ère vont-ils développer de nouvelles manières de concevoir des solutions ou sont-ils condamnés à leurs idéologies mono-dimensionnelles antiques ? Vont-ils se faire remplacer par une nouvelle garde aux neurones cablés pour le monde d’aujourd’hui et de demain ?
Generally, they treat anything complex as one dimensional.
Unfortunately, whether they are running corporations or foreign ministries or central banks, some of the best minds of our era are still in thrall to an older way of seeing and thinking. They are making repeated misjudgments about the world. In a way, it’s hard to blame them. Mostly they grew up at a time when the global order could largely be understood in simpler terms, when only nations really mattered, when you could think there was a predictable relationship between what you wanted and what you got. They came of age as part of a tradition that believed all international crises had beginnings and, if managed well, ends.
This is one of the main flaws of traditional thinking about managing conflict/change: we identify a problem, decide on a path forward, and implement that solution. We think in linear terms and see a finish line once the specific problem we have discovered is ‘solved.’
In this day and age (and probably in all days and ages, whether they realized it or not) we have to accept that the finish line is constantly moving and that, in fact, there never will be a finish line. Solving one problem may fix an issue for a time but it tends to also illuminate a litany of new problems. (Many of which were likely already present but hiding under the old problem you just “fixed”.)
In fact, our actions in trying to solve X will sometimes have a cascade effect because the world is actually a series of complex and interconnected systems.
“We have to accept that the finish line is constantly moving and that, in fact, there never will be a finish line”. Fort.
Soyons fous. Allons-nous, à terme, surpasser la pensée de premier niveau, simple et superficielle, la rendre obsolète et développer collectivement une pensée de second niveau qui invite à inclure les interactions, le temps et, au mieux, les conséquences ?
Traditionally our thinking is very linear and if we start thinking of systems as more like sandpiles, we start to shift into second-order thinking. This means we can no longer assume that a given action will produce a given reaction: it may or may not depending on the precise initial conditions.
This dynamic sandpile energy demands that we accept the basic unpredictability of the global order —one of those intellectual leaps that sounds simple but that immediately junks a great deal of traditional thinking. It also produces (or should produce) a profound psychological shift in what we can and can’t expect from the world. Constant surprise and new ideas? Yes. Stable political order, less complexity, the survival of institutions built for an older world? No.
Ramo isn’t arguing that complex systems are incomprehensible and fundamentally flawed. These systems are manageable, they just require a divergence from the old ways of thinking, the linear way that didn’t account for all the invisible connections in the sand.
Vola les questions que je me pose quand je me sens préoccupé.
A l’inverse, quand je me sens plus détaché, je me demande pourquoi je viens d’écrire et recouper tout ça. Mais ce que je trouve aussi intéressant avec cette histoire de systèmes complexes et de pensée systémique, c’est qu’il s’agit plus d’une posture et d’un mindset que d’accumuler des théories et engranger de la culture. Ce n’est bien évidement pas mutuellement exclusif et ces deux choses se nourrissent. Mais perso je trouve toujours plus intéressant une pensée qui creuse plutôt qu’une pensée qui récite.
Sur ce :
“Each of us human beings, for example, is the product of an enormously long
sequence of accidents, any of which could have turned out differently.”
— Murray Gell-Mann
♻️ 1 civilisation = 6 couches ♻️
Pace Layering: How Complex Systems Learn and Keep Learning est un article fort intéressant du MIT qui propose de voir le monde comme un très gros système composé de 6 couches qui se répondent, se corrigent et s’influent pour garantir la pérennité d’une civilisation.
En se demandant comment les civilisations ou les écosystèmes absorbent les chocs qu’ils subissent sans pour autant céder, des scientifiques ont identifié un système aux composants aux fonctionnements indépendants, aux rythmes différents, de différentes tailles et importances. Chaque couche s’accorde avec les plus proches pour s’adapter et éviter un effondrement de l’ensemble.
Stewart Brand propose les 6 couches fondamentales d’une civilisation solide suivantes :
Fashion/art
Commerce
Infrastructure
Governance
Culture
Nature
L’ordre n’est bien évidement pas un hasard. De haut en bas, ces couches s’organisent selon un principe rythmique. La première étant la plus véloce, la dernière la plus lente. Le principe rythmique explique que les couches rapides apprennent, là où les couches lentes se rappellent. Les couches véloces proposent, les couches lentes arrangent. Les couches rapides sont discontinues, les lentes sont continues.
Les couches les plus véloces sont les plus petites et informent les plus lentes par leurs rythmes favorisant l’innovation et la révolution. Les couches les plus lentes, les plus lourdes, contrôlent les plus petites en imposant leurs contraintes et le besoin de consistance. Autrement dit la Nature aura toujours le dernier mot. Quoi qu’on veuille, c’est elle qui dirige, au final.
Stewart Brand y examine ce système couche par couche et voici une tentative de traduction pour faire plus simple :
Fashion & Art
L’art et la mode ont un rôle trivial — rapide, sans trop d’importance, engageant, égocentrique et cruel. Regarde ça ! Nan, nan, essaye ça ! L’art et la mode sont libres de faire des expériences aussi créatives et irresponsables tant que la société peut en supporter. De toutes ces expérimentations découlent des inspirations utiles au Commerce (ex: le renouvellement annuel des modèles automobiles) et quelques bonnes idées qui pénètrent et améliorent la structure à des niveaux plus profonds. La Gouvernance qui devient sensible aux sondages d’opinions, ou la Culture qui accepte progressivement le "multi-culturalisme" comme structure au lieu du simple divertissement.
Commerce
Si le commerce est totalement libre et non soutenu par une Gouvernance et une Culture vigilantes, il devient facilement un crime, comme dans certains pays après la chute du communisme. De même, le Commerce peut informer mais ne doit pas contrôler les niveaux inférieurs, car il est trop court-termiste. L'une des problématiques actuelles est la façon dont le Commerce est accéléré par les marchés mondiaux et les révolutions numériques et de réseau. Le rôle approprié pour le Commerce serait à la fois d’exploiter et d’absorber ces chocs en transmettant une partie de la vélocité et de la richesse au développement de nouvelles Infrastructures, mais en respectant les rythmes plus profonds de la Gouvernance et de la Culture.
Infrastructures
Les Infrastructures, aussi essentielles soient-elles, ne peuvent pas être justifiées uniquement par des termes et motifs commerciaux. Le délai de rentabilité et la période de recouvrement pour des choses comme les systèmes de transport ou de communication est trop longue pour la logique d’investissement strandard. D’où les moyens mis en oeuvre par le Gouvernement, avec les obligations d’Etat et les monopoles garantis. La Gouvernance et la Culture doivent être disposées à assumer les coûts importants et les perturbations prolongées liées à la construction de réseaux d'égouts, de routes et de systèmes de communication, tout en gardant à l'esprit la santé d'infrastructures "Naturelles" encore plus lentes - eau, climat, etc.
L’Education est une infrastructure intellectuelle. Les sciences également. Ils ont un très haut rendement mais une rentabilité délayée. Les sociétés qui n’ont pas le temps pour ces délais longs perdront sur le long terme. Cependant, les sociétés aux Cultures trop rigides pour accepter et permettre à l’Education d’avancer à un certain rythme perdront également sur le long terme.
Gouvernance
Dans le domaine de la gouvernance, la tendance la plus intéressante de nos jours - outre la propagation mondiale de la démocratie et de l'état de droit - est la montée du «secteur social». Le secteur public est le Gouvernement, le secteur privé est représenté par l’Entreprise et le secteur social est une organisation non gouvernementale à but non lucratif. Soutenus par la philanthropie et le travail des bénévoles, ils vont des œuvres caritatives des églises aux acteurs mondiaux comme la Croix-Rouge internationale et le Fonds mondial pour la nature. Ce qu'ils ont en commun, c'est qu'ils servent le bien plus grand et plus lent. Le secteur social agit à un niveau Culturel de Gouvernance.One example is the sudden mid-20th-century dominance of "historic preservation" of buildings, pushed by organizations like the National Trust for Historic Preservation in America and English Heritage and the National Trust in Britain. Through them, culture declared that it was okay to change clothing at fashion pace, but not buildings; okay to change tenants at commercial pace, but not buildings; okay to change transportation at infrastructure pace, but not neighborhoods. "If some parts of our society are going to speed up," the organizations seemed to say, "then other parts are going to have to slow way down, just to keep balance." Even New York City, once the most demolition-driven metropolis in America, now is preserving its downtown.
Culture
La danse en slow-motion de la Culture nous permet de durer dans le temps. Plus lente que l’histoire politique et économique, la Culture avance au rythme du langage et de la religion. La Culture est l’oeuvre de peuples entiers. En Asie, la Culture est saisissante lorsque l’on quitte la ville pour remonter dans les montagnes et, par la même occasion, dans le temps, pour se retrouver dans la culture villageoise isolée où l’avancée du changement se compte en siècle. En Europe, cette danse en slow-mo de la Culture peut se constater dans les terminologies. Les noms des mois (principes de Gouvernance) ont radicalement changé depuis 1500, mais les noms des signes du zodiaque (principes de Culture) sont inchangés depuis des millénaires. Les guerres les plus insolubles d’Europe ont été les guerres de religion.
Nature
La Nature, avec sa vaste puissance, inexorable et implacable, ne cesse de nous surprendre. Le premier empire du monde, les Akkadiens dans la vallée du Tigre, n’a duré que cent ans, de -2300 à -2200. Il a été anéanti par une sécheresse qui a duré 300 ans. Le premier empire Européen, la civilisation Minoenne, a sombré sous les tremblements de terre et une éruption volcanique.
Lorsque nous perturbons la Nature à sa propre échelle, avec nos gaz à effet de serre par exemple, nous risquons de déclencher des forces apocalyptiques. Qu’on le veuille ou non, nous devons comprendre et nous engager pour assurer la pérennité et le long now de la Nature.
Ces couches parlent d’elles-même. Des couches dépendantes mais liées, soutenues par celles d’en dessous et vivifiées par celles d’au dessus. Cette structure est une énième manière de mettre les choses en perspective, mais je trouve ça intéressant.
Each layer must respect the different pace of the others. If commerce, for example, is allowed by governance and culture to push nature at a commercial pace, then all-supporting natural forests, fisheries, and aquifers will be lost. If governance is changed suddenly instead of gradually, you get the catastrophic French and Russian revolutions. In the Soviet Union, governance tried to ignore the constraints of culture and nature while forcing a five-year-plan infrastructure pace on commerce and art. Thus cutting itself off from both support and innovation, it was doomed.
Le challenge pour nous autres humains est d’attribuer nos attentions et nos actes avec une certaine justesse pour garantir la stabilité de cette structure. Comment lutter contre la séduction agréable mais essoufflante du trivial et du temporaire ? Comment nous redonner goût pour la puissance indirecte du lent ?
Deux citations pour finir :
"Every form of civilization is a wise equilibrium between firm substructure and soaring liberty," wrote the historian Eugen Rosenstock-Huessy.
Note that as people get older, their interests tend to migrate to the slower parts of the continuum. Culture is invisible to adolescents but a matter of great concern to elders. Adolescents are obsessed with fashion while elders are bored by it.
🔈🔉🔊 Quarantine Music 🔊🔉🔈
On se quitte en musique après ces gros pavés.
La contrainte de la quarantaine généralisée aura eu l’avantage de faire émerger ou revenir des manières peu usuelles de proposer et écouter de la musique. Voici donc deux salles, deux ambiances :
Les raves parties numériques de Limp Pumpo sur second life, c’est très sérieux. Les sets de murder club et dj birdo en particulier.
Les mixs en live de Mannie Fresh sur instagram et ses remixs / transitions légendaires.
Newsletterement votre et courage à tous,
hellofdp.