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L'aprĂšs, solitude, plateformes culturelles, questions Ă  Kate Losse.

hellofdp
May 29, 2020
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Hello ! Ca fait longtemps, mais on est de retour dans ta boite mail aprĂšs avoir dĂ©branchĂ© en deuxiĂšme partie de confinement. J’espĂšre que vous allez bien, et que vous dĂ©confinez avec prĂ©caution et respect de l’humanitĂ©.

Au menu aujourd’hui :
- Derniers paragraphes quant au coronavirus, ou du moins à l’aprùs covid
- Interlude montagnes et solitude
- Petite reflexion autour de TikTok et SoundCloud et des différences culturelles
- Une interview Culture & Brand de Kate Losse, dans un nouveau format

Lesssgo


🔼 Post-covid 🔼


Dans The world after coronavirus, publiĂ© le 20 mars, Yuval Noah Harari fait tirailler mon coeur entre espoir et rĂ©signation. Comme beaucoup de textes traduisants la situation actuelle comme une crystallisation des problĂšmes gĂ©nĂ©rĂ©s depuis quelques dizaines d’annĂ©es, il est difficile de ne pas ĂȘtre d’accord tant le chaos visible Ă  tous les niveaux exacerbe nos difficultĂ©s.

Parmi les problĂšmes, il Ă©voque la population rĂ©primĂ©e plutĂŽt qu’informĂ©e, la tentative de crĂ©er le faux choix parfois imposĂ© aux citoyens entre vie privĂ©e et santĂ©, et la tentation gouvernementale de voir en cette situation une opportunitĂ© pour exploiter la technologie au service de la surveillance. A ce sujet, bien que j’y sois peu intĂ©ressĂ© (c’est pas bien), j’ai trouvĂ© intĂ©ressante cette tournure :

It is crucial to remember that anger, joy, boredom and love are biological phenomena just like fever and a cough. The same technology that identifies coughs could also identify laughs.

Il y a Ă©galement un point politique (autre chose qui m’intĂ©resse peu) que je suis curieux de suivre sur les mois et annĂ©es Ă  venir. De la mĂȘme maniĂšre que des Ă©tats d’urgence dĂ©clenchĂ©s Ă  travers le monde depuis des annĂ©es semblent ne jamais prendre fin, les mesures prĂ©vues pour le coronavirus pourraient s’éterniser. Pour Yuval :

But temporary measures have a nasty habit of outlasting emergencies, especially as there is always a new emergency lurking on the horizon. 
[
] Even when infections from coronavirus are down to zero, some data-hungry governments could argue they needed to keep the biometric surveillance systems in place because they fear a second wave of coronavirus, or because there is a new Ebola strain evolving in central Africa, or because . . . you get the idea.

Ă©dit : Ce qui est bien quand on met deux mois Ă  Ă©crire une newsletter, c’est que certaines thĂ©ories ont le temps de se rĂ©aliser. C’est ici le cas avec la Chine et la possible adoption permanente de leur Stopcovid national :

Twitter avatar for @PaulNemitzPaul Nemitz @PaulNemitz
Chinese city plans to turn coronavirus app into permanent health tracker | World news | The Guardian
Chinese city plans to turn coronavirus app into permanent health trackerOfficials in Hangzhou say system will be a ‘firewall to enhance people’s health and immunity’theguardian.com

May 27th 2020

18 Retweets8 Likes


La promesse, comme dans beaucoup de discours sur “l’aprùs”, est la suivante :

We should also take into account the long-term consequences of our actions. When choosing between alternatives, we should ask ourselves not only how to overcome the immediate threat, but also what kind of world we will inhabit once the storm passes. Yes, the storm will pass, humankind will survive, most of us will still be alive — but we will inhabit a different world. 

CĂŽtĂ© solution, et c’est la que mon coeur tremble, l’auteur croit (ou espĂšre) en une rĂ©organisation population-politique-mĂ©dias-science.
La tendance actuelle Ă  la centralisation du contrĂŽle et Ă  la rĂ©pression comme maniĂšre de gĂ©rer une sociĂ©tĂ© sous crise n’est Ă©videment pas souhaitable. Pour Yuval :

When people are told the scientific facts, and when people trust public authorities to tell them these facts, citizens can do the right thing even without a Big Brother watching over their shoulders. A self-motivated and well-informed population is usually far more powerful and effective than a policed, ignorant population.

Il dĂ©veloppe ainsi en quoi le lien entre population, classe politique, mĂ©dias et science est Ă  reconstruire car nettement abimĂ©. Et en quoi la situation actuelle pourrait ĂȘtre une opportunitĂ© de s’y atteler.

Le 20 mars, je lisais ça en partageant l’espoir. Presque deux mois aprĂšs, je relis ça et me demande “est-ce possible ?”. Voire mĂȘme “est-ce qu’on en a vraiment quelque chose Ă  faire ?”. Est-ce qu’une utopie globale est possible ? J’ai franchement la flemme de vous argumenter en dĂ©tail pourquoi je n’y crois personnellement pas tant la situation actuelle est un cirque.

J’ai abandonnĂ© la politique il y a longtemps, mais ce qu’on peut voir du gouvernement ne me donne aucun espoir.

La confiance en les mĂ©dias comme principe gĂ©nĂ©ral est difficile dans un monde oĂč chacun a le(s) sien(s), aussi intĂšgres ou biaisĂ©s soient ils, et dans lesquels le traitement de l’information a pris le dessus sur les faits traitĂ©s, et l’idĂ©ologie sur le fait tout court.

La science et les scientifiques, j’y crois fort alors que je n’ai jamais jurĂ© par ça principalement. Mais l’idĂ©e d’une population “well-informed” par la science, c’est pas pour demain. Il y a un gap gigantesque entre les papiers acadĂ©miques de 160 pages et les posts Facebook que ma mĂšre peut lire. C’est un sujet qui m’intĂ©resse pas mal. Si les scientifiques ont une bonne partie des rĂ©ponses quant Ă  ce qu’il va nous arriver dans 10 ans, comment, en tant que sociĂ©tĂ©, ne pas attendre 10 ans pour se rendre compte qu’ils avaient raison ? Il y a une opportunitĂ© rien que dans la mise en forme de leur savoir qui, pour l’instant, ne peut pas aspirer Ă  trouver un Ă©cho global et reste tristement ignorĂ© bien qu’important.
Au sujet du rapport science-politique, Jean Allary a récemment publié un post qui reprend une interview de Régis Debray. Il y dit :

“Le savant dit le fait, le politique dit ce qu’il faut faire, et l’un ne se dĂ©duit pas de l’autre”. Il est illusoire de penser que la science peut gouverner puisque son empirisme la condamne au doute, ce qui est sinon intolĂ©rable du moins souvent reprochĂ© en politique.

Ce qui me fait penser Ă  une tierce personne qui semble intĂ©ressĂ©e par le problĂšme. Le Silicon-Vallois, qui, depuis quelques mois, semble de plus en plus s’intĂ©resser Ă  la politique (et ce que ça peut leur apporter) aidĂ©e par la science et la data. Son ambassadeur pourrait ĂȘtre Balaji Srinivasan dont le mode opĂ©ratoire “bashing des politiques de rĂ©gulation + bashing des mĂ©dias wokes de gauche + ultra rationalisme choisi” semble trouver son audience. Dans la pratique, creuser des Ă©tudes scientifiques est aussi un nouveau status-game pour le Silicon-Vallois, avec sĂ©lection, interprĂ©tation et appropriation pour se distinguer et prĂ©senter ses idĂ©es. Fin de l’apartĂ©.

Et pour ce qui est de la population, c’est trop compliquĂ© pour moi. Encore plus que le reste je veux dire. Pour paraphraser @notoriousbigre quand on parlait de ça : je pense qu’on a vraiment du mal Ă  saisir Ă  quel point on ne comprend rien Ă  la majoritĂ© des gens en tant qu’analyste. Essayer de comprendre l’humain dĂ©confinĂ© au milieu de cette cacophonie, entre besoins et devoirs, entre prioritĂ© et hiĂ©rarchie, entre individualisme et collectif, entre le normal et l’ahurissant, entre le recommandĂ© et l’obligatoire, entre le dĂ©libĂ©rĂ© et l’indiffĂ©rence, entre le besoin primaire et l’égoĂŻsme, entre Zara et le canal saint martin
 est une tĂąche complexe dans laquelle je ne vais pas m’aventurer.

Cette cacophonie n’aidera pas l’espoir d’une prise de conscience globale et le besoin d’embarquer tout le monde, comme souhaitĂ© par Yuval plus haut, car cette crise montre Ă  nouveau que l’individualisme n’est plus trop un concept choisi mais un mode par dĂ©faut. Il y a des humains cools, bien entendu, ceux qui confectionnent des masques pour les autres par exemple, mais ces efforts individuels d’entre-aide sont rapidement rĂ©primĂ©s par d’autres humains dont les intĂ©rĂȘts se situent plus “haut”.

Il y a Ă©galement deux concepts que j’aimais bien et qui ont Ă©tĂ© esquintĂ©s Ă  mes yeux ces derniers temps.
Le ‘new normal’ est rapidement passĂ© d’une possible banniĂšre sous laquelle s’écrivait des pistes futuristiques plus ou moins intĂ©ressantes, Ă  un titre de slide Ă©clatĂ©e annonçant que 55% des français prĂ©fĂ©reront les marques avec qui ils partagent des valeurs personnelles. Huge if true.

Et aprĂšs tout :

Twitter avatar for @german_sierraGermĂĄn Sierra @german_sierra
It wasn’t normal before it was new

May 4th 2020

3 Retweets11 Likes

L’autre concept qui n’a plus trop d’intĂ©rĂȘt, c’est le ‘bon sens’. J’ai tenu longtemps en y croyant, mais force est de rĂ©aliser qu’il n’existe pas. Ou qu’il n’en existe pas qu’un seul. Le bon sens Ă  l’heure de l’atomisation de nos moyen de trouver du sens est improbable. Son utilisation politique dĂ©crite dans ce court thread (5 tweets) montre mĂȘme qu’il est une meilleure arme pour ajouter du flou au flou plutĂŽt que pour y trouver des rĂ©ponses :

Twitter avatar for @DmitryOpinesDmitry Grozoubinski @DmitryOpines
1/ From a political comms perspective, a "Common Sense" centric Covid strategy is masterful because it comes pre-baked with everything you could want. First, anyone pushing back on it can immediately be dismissed as either scornful of or condescending to "regular people".

May 12th 2020

1,132 Retweets2,291 Likes


Juste pour finir, je vous partage l’article qui m’a le plus intĂ©ressĂ© parmi la vingtaine que j’avais ouvert depuis dĂ©but mars, What will the world be like after coronavirus? Four possible futures. Il est challengeant comme on dit chez ceux qui portent des vestes de costume + jean + baskets de jeune. J’aime bien son approche qui ne dĂ©crit pas la situation liĂ©e au covid-19 comme un Ă©vĂ©nement sociĂ©tal extra ordinaire mais comme le prolongement de dynamiques dĂ©jĂ  en place :

The responses to the COVID-19 pandemic are simply the amplification of the dynamic that drives other social and ecological crises: the prioritisation of one type of value over others. 

La valeur priorisĂ©e dont l’auteur parle est celle la suivante :

Currently, the primary aim of the global economy is to facilitate exchanges of money. This is what economists call “exchange value”. The dominant idea of the current system we live in is that exchange value is the same thing as use value. Basically, people will spend money on the things that they want or need, and this act of spending money tells us something about how much they value its “use”. This is why markets are seen as the best way to run society. They allow you to adapt, and are flexible enough to match up productive capacity with use value.

C’est ce que l’auteur challenge dans le reste de l’article pour dessiner 4 futurs possibles, des alternatives que l’on ose habituellement mĂȘme pas imaginer dans son milieu tant le consensus thĂ©orique quant Ă  l’économie est cimentĂ© depuis 40 ans. Il dessine ces futurs en utilisant une mĂ©thode empruntĂ©e des futures studies dĂ©crite dans la piĂšce.

Le reste est ici.


VoilĂ , j’ai dĂ©jĂ  trop parlĂ© d’un sujet que je ne voulais plus traiter. Et en plus c’est pour me plaindre. Ou pĂȘut-ĂȘtre que je raconte n’importe quoi et je suis peut ĂȘtre simplement un nostalgique du confinement Ă  qui le temps suspendu manque dĂ©jĂ .

Terminons avec cette pensée fulgurante :

Twitter avatar for @MissGinaDarlingGina @MissGinaDarling
Coronavirus and Animal Crossing is like that one summer with Pokémon GO but like.....opposite.

May 15th 2020

48,912 Retweets282,413 Likes

🏔 Pause 🏔

Une interlude assez radicale pour marquer la fin du sujet prĂ©cĂ©dent : la petite histoire (30 ans) de Dick Proenneke Ă  la recherche de la solitude et de l’auto-suffisance en Alaska. via Aeon, un mĂ©dia relaxant.


đŸ’» Plateformes culturelles et plateformes de rentabilitĂ© đŸ’»


Super post de Bas Grasmayer : Instagram vs SoundCloud: the battle for the center of music culture.

La premiĂšre partie du post raconte comment SoundCloud s’est installĂ© lors de la transition MySpace -> Facebook, de ses innovations communautaires grĂące Ă  des features bien senties jusqu’au choix contestable de jouer des coudes avec Spotify, mĂȘme si ce n’est pas ce que leurs utilisateurs attendaient.

Pourtant, le point principal de Bas est le suivant : le rĂ©el concurrent de SoundCloud n’est pas Spotify, mais Instagram. Pourquoi ? Car ce sont les principes communautaires de SoundCloud en ont fait un acteur culturel Ă  part dans le domaine musical :

SoundCloud was the place for the freshest music. SoundCloud enabled new communities to emerge and connect, and those communities enabled SoundCloud to have the newest in music before it was available anywhere else. [
] What has always defined SoundCloud is its community that pushes boundaries of genres and develops new styles.

J’ai dĂ©jĂ  ventĂ© les mĂ©rites de SoundCloud dans une newsletter prĂ©cĂ©dente (la premiere il me semble), et en quoi elle est une plateforme musicale plus intĂ©ressante que Spotify de part sa capacitĂ© Ă  faire naĂźtre des courants et permettre Ă  des artistes de se construire (avant mĂȘme de chercher Ă  se dĂ©velopper) et expĂ©rimenter sur leurs univers. Chose trĂšs limitĂ©e sur Spotify, tant la machine est algorithmĂ©e et tend Ă  la convergence plus qu’à la divergence.

Cette divergence basĂ©e sur l’accessibilitĂ© et la mise Ă  disposition aux artistes d’outils pour expĂ©rimenter, faisant de SoundCloud un terreau propice Ă  l’émergence de nouveautĂ©, est aujourd’hui trustĂ©e par Instagram :

SoundCloud is where it pops off, but the community doesn’t really connect there anymore.

En voulant trop se comparer Ă  Spotify, SoundCloud a laissĂ© de cotĂ© ses principes de connections communautaires et son support des artistes au profit d’un lourd travail pour Ă©toffer leur catalogue plus classique. Un produit qui a peu Ă©voluĂ©, une version mobile ne permet pas de faire grand chose d’autre que streamer (on ne peut mĂȘme pas lire ses DMs), des nouveautĂ©s peu pertinentes d’un point de vue social
 Et il n’en faut pas plus pour que SC se fasse dĂ©passer par Instagram sur leur propre terrain. Le community center s’y est dĂ©placĂ©.

Ce que je trouve intĂ©ressant ici, c’est qu’il n’est pas question de streaming. SoundCloud, comme MySpace et Instagram, dĂ©passe cela. Ces trois acteurs ont un role culturel, lĂ  oĂč Spotify (ou Deezer et Apple Music) ont un rĂŽle plus rationnel, fonctionnel et mercantile.

Je me suis rĂ©cemment posĂ© la question d’oĂč se posait TikTok dans cette catĂ©gorisation. Plus particuliĂšrement au prisme de la danse, car c’est ce que j’observe le plus ressortir de TikTok comme pratique artistique (avec l’humour peut-ĂȘtre ?). AprĂšs avoir un peu observĂ© le sujet et discutĂ© avec le brillant Toby Shorin, j’en suis venu Ă  me dire que TikTok est plus proche d’une plateforme d’agrĂ©gation que de crĂ©ativitĂ© originale. Avec la particularitĂ© d’ĂȘtre une plateforme d’agrĂ©gation de signaux culturels, dans le cadre de la danse, plutĂŽt qu’une plateforme de crĂ©ation. Quelques points qui me sont venus en tĂȘte :

  • L’utilisation de la danse comme une monnaie sociale Ă©phĂ©mĂšre et dĂ©contextualisĂ©e plus que comme une pratique artistique et culturelle : la danse sur TikTok prend principalement place dans des chorĂ©graphies destinĂ©es Ă  la performance sur la plateforme. DĂ©contextualisĂ©es de leur cadre culturel usuels, les chorĂ©s sont conçues sur des critĂšres diffĂ©rents de ceux que l’ont retrouve habituellement dans la pratique artistique. Le style, la fluiditĂ©, la prĂ©sence, l’attitude ou le contrĂŽle ne priment pas, et laissent place Ă  des critĂšres plus ‘directs’ comme la complexitĂ©, la longueur ou l’esthĂ©tique. La TikTok danse est plus facilement mesurable, mais avec beaucoup moins de profondeur. Cette exploitation simpliste des esthĂ©tiques au dĂ©triment du process complexe de crĂ©ation artistique permettra difficilement, par manque d’intĂ©rĂȘt, d’en faire ressortir des danseurs ou des danses qui s’installeront dans la culture mĂšre sur le long terme.

  • Le manque d’intĂ©gration avec le reste de la culture : conçus dans des temps plus lents oĂč le clip Ă©tait un artĂ©fact culturel hyper fort, le crank that de Soulja Boy ou le swag surfin de F.L.Y sont des danses qui agrĂ©mentaient les sons, les vidĂ©os et les univers des rappeurs (parfois des villes ou des pays). Ces Ă©cosystĂšmes culturels ont Ă©tĂ© indispensables pour permettre de forger l’empreinte culturelle qu’ont pu avoir ces pas de danse (la liste est longue). Bien qu’il s’agisse de performances physiques, TikTok ne promeut pas (encore?) de culture dĂ©passant celle de son application. Du coup TikTok danse pour TikTok et son algo. Pas de quoi marquer l’Histoire, imo.

  • L’éphĂ©mĂ©ritĂ© et la #challenge culture : la culture est un processus lent qui ingĂšre, digĂšre, assimile et retient. La danse sur TikTok est propulsĂ©e par des challenges dont la durĂ©e de vie est Ă  peu prĂšs Ă©quivalente Ă  celle du hashtag qui les prĂ©cĂšde. Cette dimension Ă©phĂ©mĂšre, couplĂ©e au climat compĂ©titif, invite Ă  toujours proposer plus, sans jamais se concentrer sur quelque chose pour l’affiner. Un challenge en efface un autre et TikTok se concentre sur le dernier arrivĂ©, le plus tendance sur la plateforme, en mettant l’ancien de cĂŽtĂ© sans mĂȘme l’avoir digĂ©rĂ©. J’ai du mal Ă  voir comment une pertinence culturelle solide peut en ressortir si rien n’est fait pour crĂ©er un patrimoine.

  • TikTok a un sĂ©rieux problĂšme de propriĂ©tĂ© et d’attribution : les crĂ©ateurs originaux (souvent des afro amĂ©ricains) se font emprunter leurs crĂ©ations sans reconnaissance, ni des autres utilisateurs, ni de TikTok, ni des mĂ©dias, qui favoriseront la version diluĂ©e de la star cute sans saveur. Ce qui pose des problĂšmes de crĂ©dibilitĂ© sur le long terme. Ce thread Ă©tant un exemple parmi d’autres :

    Twitter avatar for @ItsHippyPotterThaddeus đŸ’« @ItsHippyPotter
    wait! okay so I created this TikTok, that’s currently blowing up on TikTok AND NO ONE is crediting me so imma post it here. & it’s a bunch of popular TikTokers using it!
    Image

    March 3rd 2020

    5,683 Retweets25,858 Likes

VoilĂ , je ne sais pas trop oĂč en venir. Je crois que j’avais besoin de mettre ces choses en perspective car j’ai pu lire ici et lĂ  des termes comme “TikTok culture”, un concept que je ne saisissais pas trop si on y cherche autre chose que la culture du meme.

Puis Toby m’a sorti ça :

I guess I think you’re right but what’s more likely to happen is that tiktok will eat hip hop. [
] I do think we'll se a generation of "tiktok rappers" that push the game forward the same way soundcloud did.

Avant de devenir un meme, SoundCloud a contribuĂ© pendant des annĂ©es Ă  l’évolution du rap grĂące Ă  l’émergence de courants et de styles (genre l’edm, la trap, le mumble rap ou l’emo rap) et de nouvelles maniĂšres de produire, distribuer et communiquer, le tout depuis le placard du beatmaker. Comme MySpace en son temps et comme dĂ©crit par Bas dans l’article initial. Mais pour moi TikTok en est encore loin.

Pour pouvoir aspirer Ă  crĂ©er une vague de TikTok rappers, la plateforme devrait ĂȘtre en mesure de promettre plus qu’un one hit wonder aux artistes pour devenir un terreau crĂ©atif. La question pour TikTok est de savoir comment concilier la vitesse Ă  laquelle est consommĂ©e la plateforme avec la construction de l’identitĂ© d’une artiste, de son univers et de ses expĂ©rimentations comme SoundCloud et MySpace dans le passĂ©. Je n’en ai aucune idĂ©e.

En plus de ce challenge, TikTok doit aussi faire face Ă  ses propres contraintes : le format hyper court. Comment devenir une plateforme de crĂ©ation culturelle majeure quand la durĂ©e maximale d’une vidĂ©o est d’1 minute ? Si Spotify a rĂ©ussi Ă  reconfigurer l’industrie au profit de sons plus courts, d’albums plus longs et de systĂšmes de playlists, alors TikTok a peut-ĂȘtre une chance. Les recrues multiples venant de l’industrie doivent probablement dĂ©jĂ  s’y atteler.

Etant donnĂ© les ambitions tentaculaires de TikTok et sa soif de reach, j’ai du mal Ă  voir le produit Ă©voluer vers un outil d’émergence artistique et culturel comme SoundCloud a pu l’ĂȘtre. Je n’ai rien lu sur leurs ambitions ou leur stratĂ©gie, j’aurais peut-ĂȘtre dĂ» avant d’écrire tout ça lol. Mais pour l’instant ça semble plutĂŽt ĂȘtre un canal de distribution de contenus dont on peut quasi-manufacturer le succĂšs tant les ressorts sont mĂ©caniques. Je mets donc TikTok avec Spotify dans la catĂ©gorie des plateformes sans grande ambition culturelle, mais balĂšzes en chiffres.

Cette opposition entre (MySpace /) SoundCloud et Spotify / TikTok, c’est un peu une lutte entre crĂ©ativitĂ© et efficience. Le son est créé sur des plateformes expĂ©rimentales (les deux premiĂšres), puis il est exploitĂ© sur des plateformes de rentabilitĂ© (les deux derniĂšres). Est-ce que l’idĂ©e de “TikTok rappers” peut prendre forme sur une plateforme de rentabilitĂ© ? Il me semble que Spotify n’a pas encore sorti de ‘Spotify rappers’ (mais pas mal de vrais-faux groupes servants Ă  combler les playlists Ă  thĂšme). Est-ce que TikTok peut porter cette double casquette ? Est-ce qu’une plateforme l’a dĂ©jĂ  fait ? YouTube peut-ĂȘtre ?


✍ What is Culture? What are Brands? ✍


Nouveau format et premier test d’une sĂ©rie oĂč l’on fait parler les gens !
L’idĂ©e est de poser une grande question assez vague, avec trois petites questions dedans qui reprennent le thĂšme brands & culture de la newsletter. Les interviewĂ©s sont choisis par apprĂ©ciation personnelle et invitĂ©s Ă  rĂ©pondre de maniĂšre libre et sous format et dĂ©lais libres. Ce ne sont pas forcĂ©ment des ami.e.s, juste des gens dont j’ai volĂ© un bout de cerveau au dĂ©tour de quelques conversations sur twitter . com.

La premiĂšre invitĂ©e est Kate Losse 👏. Une auteure qui parle de culture numĂ©rique at-large. Elle a Ă©galement Ă©tĂ© l’employĂ©e n°51 de Facebook, au support client d’abord, puis comme product manager et ghostwriteuse de Mark Zuckerberg ensuite. Elle parle de cette aventure dans The Boy Kings, un mĂ©moire qui raconte l’évolution de la startup et de sa culture interne Ă  cette Ă©poque. Pour en savoir un peu plus, voici une interview de Kate.

Il est des sujets si larges qu’il est impossible d’en avoir des dĂ©finitions arrĂȘtĂ©es. Les invitĂ©s dans cette sĂ©rie n’ont pas de hashtags d’expertises dans leur bio twitter ou linkedin, mais des points de vues gĂ©nĂ©ralement intĂ©ressants sur pas mal de choses 💞

Branchez vos Google Traducteurs, voici la réponse de Kate :)

What is ‘Culture’ to you and how do you see it evolving? What is the role of a brand today?

I've always thought of culture as working a lot like the economy — there are periods where things are moving really fast, and there is lots of visible "cultural production" happening and the business that goes with it, and periods where things slow down. The times when things slow down is often when paradigms shift and new tastes and trends emerge. It seems to me like many of the trends that defined the 2010s were forged in 2009-2013. After that, the rest of the decade was an explosion of trends that were developing in the earlier part of the decade. So it is interesting to be experiencing another "down time" ten years after that recession. I feel sure that things will develop during this down time that will define the rest of our new decade. Cultural trends that were getting tedious will fall away quickly this year, leaving room for new things to grow. 

I would say that the trends forged in 2009-2013 were for example the concept of the entrepreneurial social media influencer, who builds a "following" utilizing technologies like Instagram that allow the followers to inhabit the influencer's visual brand, at least while on the app. Instagram launched in 2010 and while it didn't really get huge until the mid-2010s, the seed of that kind of single-minded, entrepreneurial person-vs-world brand project were formed in the early days of Instagram's development, particularly in its early adopters who were mostly tech entrepreneurs in San Francisco looking to be the next big thing. 

Related to that trend are many of the visual aesthetics of the 2010s, which seemed to become very "algorithmic" as the decade progressed. For example, the popularity of matched colors on Instagram, where photographs are staged to intentionally match all the colors in the image, but with slight variations. It reminds me of an algorithm computing slight variations on a particular taste that you might have. "If you like this color, you will probably like this color that is very close to it."

As the decade progressed it seems like those early trends — the "influencer", the color-matched aesthetic, etc — seemed to sort of grow exponentially until you saw them everywhere, everything was an extrapolation of these things. But explosions end, and the pandemic is interesting in how it has sort of forced people to settle down and live in a more reductive way. It will be interesting to see what happens next in terms of what becomes popular after the frenzy that came before is left behind.

I feel like one thing that might happen is that "authenticity" will mean something different after the pandemic. Authenticity as an idea became such a marketing term in the 2010s to the point of being meaningless or even, meaning its opposite. "Authenticity" came to feel manipulative and corporate. The fact that the pandemic stripped everything down to its basics I think will mean that people won't be fooled by "authenticity" as a marketing term anymore. Brands will have to find ways to be truly relevant, since after the pandemic people know the difference between something that is truly useful and something that just wants you to like it. Brands will always have a place as a way to symbolize an entity/utility to their customers, but I'm hoping we'll see an increase in real quality/utility in brands and less branding-for-branding's-sake.

Si vous voulez lire le dernier article de Kate, c’est ici. Elle a Ă©galement regroupĂ© ses Ă©crits lĂ .


Cdt et portez-vous bien,

hellofdp.

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